CLAIRE-JEANNE JÉZÉQUEL AU MUR

Pour la dernière exposition de l’Espace de création Le Mur cette année, Virginie Prokopowicz accueille Claire-Jeanne Jézéquel avec « Paix dans les brisements », que vous pourrez voir jusqu’au 13 novembre 2022.

Claire-Jeanne Jézéquel, est plasticienne née en 1965, elle vit et travaille à Paris et à Champagne-sur-Seine. Elle développe depuis 1988 son oeuvre dans les domaines de la sculpture et du dessin. Jouant du visible et du tangible, plis, chutes, arrachements, entailles, découpes et lignes brisées agencent, dessinent et matérialisent l’espace en une planéité révélée. Entre sensation tactile, paysage abstrait et architecture minimale, ses assemblages de matériaux prosaïques portent en eux les traces des gestes à la fois de construction et de destruction, paradoxalement aléatoires et maîtrisés de l’artiste.
Formée à l’école des Beaux-arts de Grenoble, à la Villa Arson à Nice et à l’Institut des Hautes études en arts plastiques à Paris, dirigé par Pontus Hulten, Claire-Jeanne Jézéquel a également été pensionnaire à la Villa Médicis à Rome en 1992, résidente à la Fondation Cartier en 1993 et lauréate de la 13e bourse d’art monumental d’Ivry-sur-Seine en 2001.Représentée par la galerie Xippas pendant 15 ans, puis par la galerie Jean Fournier à Paris, ses oeuvres sont exposées régulièrement en France : à la Maréchalerie, Versailles, à la Galerie RDV, Nantes, à la Chaufferie, Strasbourg, au centre international d’art & du paysage, Vassivière, et dans les écuries du Domaine de Kerguéhennec. A l’étranger, elle expose au New museum à New-York, au studio Cristina del Ponte à Locarno, à l’Iselp à Bruxelles, à la fondation Stämpfli à Sitges, au Museo di Nuoro en Sardaigne, au Musée Arlaud à Lausanne…
Enseignante aux Beaux-arts de Nantes depuis 1999, elle a codirigé les expositions Beau trait fatal, Mais où est passé le Youkounkoun et codirige le groupe de recherche sur les pratiques contemporaines de l’abstraction ayant débouché en 2008 sur l’exposition + de réalité et la publication éponyme.
http://clairejeannejezequel.blogspot.com

PAIX DANS LES BRISEMENTS

A la lisière de l’informe et de la forme se régénèrent les oeuvres hybrides de Claire-Jeanne Jézéquel, qui revendique une liberté de « non-maîtrise » dans son travail par des techniques de construction qu’elle apparente au bricolage. Assemblés de façon intuitive, comme en suspens, rails acier ; verre ; rubans de plomb orientent les déchirures et les découpes de ses encres réalisées sur papier aquarelle. Ces matériaux, modernes et accessibles, confèrent à ces dessins une autre dimension, à travers laquelle leur planéité vacille au profit de la verticalité et du volume. Détournant les codes d’un espace d’exposition standard, l’artiste s’empare de la question du proche et du lointain, y confrontant le spectateur sous la forme d’une déambulation à échelle humaine, fidèle à l’influence qu’exerce le paysage sur son imaginaire.
Eclatantes, visqueuses, à demi-opaques, ces pièces inédites, dévoilées à l’occasion de « Paix dans les brisements », inscrivent l’évolution de sa pratique du côté de l’organique, du Vivant. L’usage de la résine, en tant que matériau nouveau, adjoint à la couleur qui se raffine par son traitement, nous laissent envisager les marbrures d’un pseudo-réseau veineux, entrecoupé d’effets granuleux suggérant la peau. Sur cette dynamique de reconsidération permanente de son art, la plasticienne s’éloigne peu à peu de la dureté et de la « froideur » de ses anciennes sculptures – caractéristiques héritées du Minimalisme –, telles que : La Jetée (2019) ou encore Sketches (2015)…, dont les rangées métalliques aux allures de brancards ; les blocs de placoplâtre gisants à ciel ouvert, à l’image de tombeaux, se rejoignaient déjà pour évoquer le Corps, réceptacle affectif, dernier lieu de repos.

Chloé Macary, pour Le Mur espace de création.

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