La Pierre Droite

Néolithique – Menhir en grès

Classée aux Monuments Historiques en 1889

Emplacement : en face du 11, Rue Georges Villette

Bloc en grès, mi-plat, de forme irrégulière qui mesure 3,50 m de haut, 2,50 m de large et son épaisseur moyenne est d’environ 50 cm. Il est enfoncé de 1 m en terre. Sa masse est estimée à 11 tonnes.

Selon E. Chouquet, vers 1860, une fouille pratiquée par un curieux au pied du menhir permit de découvrir sous une couche de grosses pierres un squelette couvert de cendres et près du crâne une pierre qui pourrait avoir été une hache polie. Chouquet lui-même entreprit une seconde fouille en 1875 et recueilli trois éclats de silex et un fragment de bois de cerf.

Selon une légende, si l’on frappait le menhir à son sommet, il en tombait sept petits couteaux. Selon une autre tradition, la pierre marque une des étapes de la bataille de Lato Fao qui opposa Brunehaut et Frédégonde.

Initialement, la Pierre Droite se situait au bord du canal, à la place de la coopérative agricole. Elle a été déplacée en Juin 1944.


Sa signification

Plusieurs interprétations pour ce mégalithe de grès :

  • Les menhirs seraient des monuments indicateurs de nécropoles mégalithiques conduisant par alignement en ligne droite à un dolmen. Celui-ci est situé sur un alignement parfait reliant les dolmens d’Épisy et de St-Lazare ;
  • Ces roches monumentales peuvent être aussi interprétées comme des pierres druidiques consacrées aux Dieux gaulois ;
  • Ce peut être aussi une pierre cornoise (de cornois qui signifie en langue celtique champ de la querelle). Elle borderait, avec ses jumelles de Flagy et Diant, le champ de bataille de Doromel (Dormelles) qui opposa les reines Brunehaut et Frédégonde ;
  • Et la légende aussi a sa définition pour ce monument : La “Pierre à couteaux” voulait que “si on la frappe de la tête d’une certaine manière, il tombait sept petits couteaux” ou… 36 chandelles !

Nous laissons au promeneur le soin d’imaginer sa propre histoire…


En ce temps-là

Lutte de succession des descendants de Clovis :

À la mort de Clovis, le royaume Franc est divisé entre ses 4 fils comme le prévoit la loi Salique. Malheureusement les frères ne s’entendent pas et se livrent des batailles pour récupérer les différents royaumes. Cette lutte pour la succession se poursuit avec les petits-fils de Clovis.

Entre 590 et 613, la lutte pour le pouvoir opposait le fils de la terrible Frédégonde, Clotaire II, roi de Neustrie (ouest du royaume Franc) et les petits-fils de Brunehaut, Thierry, roi de Burgondie (Bourgogne) et Théodebert, roi d’Austrasie (Est du royaume Franc). Les deux reines Frédégonde et Brunehaut se haïssaient profondément et prirent part personnellement dans la lutte de succession.

La reine Frédégonde mourut en 597 mais son fils continua la lutte contre Brunehaut et ses petits-fils.

Les chroniqueurs du Haut Moyen-Âge situent le dernier acte de la bataille que se livrèrent les rois Francs dans notre région près de Dormelles, en 599.
Commencée sur les hauteurs de Sens, la bataille semble avoir été importante à Dormelles, Flagy, Diant jusqu’aux portes de Moret.

Ces rencontres furent particulièrement violentes et meurtrières : 30 000 morts. L’Orvanne avait été surnommée “la sanglante” (on imagine !) et la légende ajoute que “la rivière obstruée par des monceaux de cadavres jetés dans ses eaux fut détournée de son cours…”. Au terme de ces combats acharnés et sanglants, Clotaire II, vaincu, s’enfuit à Melun où il s’enferma, échappant ainsi à une mort probable.

En 613, l’aristocratie d’Austrasie ne souhaitant pas une troisième régence de la reine Brunehaut la livra au roi Clotaire II. Elle fut emprisonnée, torturée, humiliée avant d’être sauvagement exécutée (voir paragraphe suivant “le Supplice de Brunehaut”).


Le Supplice de Brunehaut

Brunehaut (vers 534-613), la reine gracieuse et pieuse, va mourir de mort atroce. Elle a perdu son mari Sigeberg, assassiné ; elle a perdu son neveu et amant, Mérovée, fils de Chilpéric… Et la voici livrée, elle la reine d’Austrasie, à Clotaire II, le roi de Neustrie, fils de sa rivale Frédégonde.

Elle s’est battue contre elle avec acharnement. Elle va maintenant perdre son royaume et sa vie. Le fouet a claqué, le cheval indompté fait un bond en avant si brutal que la tête de la reine vole en éclats.

Son corps, traîné par les pieds sur un chemin de Bourgogne, va se disloquer sous les yeux de toute une armée. Elle avait 79 ans.

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